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La vidéo Take a Ride – diffusée respectivement sur Les ailes d’ Hermès et sa jeune page Facebook – m’a laissé un sentiment trouble, à la fois plaisant et déplaisant, elle m’a en tous les cas donné l’envie de remettre le pied à l’étrier sur ce blog, un peu délaissé ces derniers temps au profit de Twitter,  je dois bien l’avouer. Mais bon, 140 caractères ne suffisait pas ici pour évoquer ce ressentiment bizarre.

D’abord plaisant, en effet, car la maison a trouvé un format adapté au média digital (en terme d’écriture et de format, mais aussi de public) pour présenter une bonne douzaine de produits manufacturés maison : Mini-selle SteinKraus, parfum Terre d’Hermès, Ceinture Etrivière, etc. On enlève le scénario et la mise en scène, ne reste que des plans packshots bien mis en lumière, à l’ancienne. On ajoute du fingerboard, de l’ollie flip et du pop shove it 360°, on parle tout de suite un autre langage et on gagne en street credibility auprès  d’une nouvelle communauté de consommateurs, dit la relève, a priori présent sur Facebook-Youtube & co. On retrouve les codes du Homemade vidéo qui font le succès du genre viral, mais qui rejoint aussi l’esprit artisanal et enfantin, propre à Hermès. Un juste équilibre donc,  entre placement de produit, d’un côté, contenu buzz de l’autre, avec tout de même un air de déjà vu.

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Et c’est là que le sentiment déplaisant intervient : l’idée que Hermès se brûle les ailes avec une nouvelle stratégie de démocratisation, en recopiant les phénomènes à succès du genre digital. A commencer par l’initiative opportuniste de jaimemoncarre.com et sa direction artistique baclée, qui est pire qu’une réponse tardive au succès de The Art of Trench de Burberry (de mon point de vue), sinon  un premier aveu de faiblesse  face à l’ Hyper-compétition digitale des maisons de luxe. Avec une entrée Last but not least sur Facebook (mûrement réfléchit ou inévitable ?) qui participe à ce ressentiment personnel vis à vis d’une marque / maison que je plaçais loin au dessus de toutes pour son rapprochement évident  vers l’ultra-luxe, mais qui finalement revient dans la mêlée du luxe masstige décomplexée pour jeunes fashionistas.

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Et puis Diana de @webandluxe m’a fait découvrir aujourd’hui et  justement sur Facebook (quand je vous parle de relève…)  le lien conduisant à Take a Ride, cette vidéo dont il est question ici, avec une qualité certaine, certes, mais aussi avec ce petit air de déjà vu qui m’a encore une fois de plus, désarçonné. Le sentiment d’un copié-collé de la vidéo culte d’Alexis Milant, qui dépasse aujourd’hui le million de vues sur Youtube. Là, c’était trop, j’ai senti la tromperie,  une sorte de trahison morale mal cicatrisée. Mais après enquête (et en écrivant ce post) j’ai revu mon jugement, car le film que propose Hermès est justement réalisé par ce même Alexis Milant (signé au crédit) et là on retombe sur nos pattes, avec un Hermès éclaireur de nouveau talent (j’imagine déjà repéré par Fubiz), mais pas forcément connu du public  Facebook, avec un allumage de mèche fort de 211,000 abonnés sur la page officiel Hermès.

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L’initiative est donc là : aller chercher sur Youtube, Viméo, Dailymotion ou Blip.tv, la jeune pousse de la création digitale qui a fait ses preuves numériques (en terme de talent et d’audience) en amont, des futurs Jean Baptiste Mondino ou autre Jean Paul Goude pour de nouveaux publics en rupture avec les codes du luxe bien pensant de papa-maman ? Et donc redéfinir l’imaginaire du luxe dans la consommation quotidienne des contenus sur les médias sociaux ?

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Le messager Hermès, c’est celui qui apporte de la nouveauté en respectant la tradition de valeur et de sens initié, c’est le tutoiement du moderne avec l’ancien, cette idée possible et méritante qu’on a surtout le droit d’essayer, d’expérimenter, de se tromper, de provoquer le présent pour apprendre le futur, à partir du moment où l’ identité mère pousse la projection auprès de la nouvelle génération entrante.

NB : pour comprendre la motivation de ce post (non sponsorisé, of course), entendre que je me passionne pour la street culture (ex-skater et amateur de street art), de la question du luxe contemporain, des médias sociaux et de la création digitale. Donc analyse totalement subjective et ouverte aux réactions, bien entendu…

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